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Intervention de Patrick Viverge au CESER* du 2 Mai 2023

Monsieur le président, mes chers collègues :

Solidarite 

 L’actualité, le hasard ont fait que j’ai vécu une aventure à la fois banale et éclairante en venant vous retrouver aujourd’hui.

Partant de chez moi en véhicule personnel, j’écoutais la radio qui me vantait les prouesses de la science pour améliorer nos conditions de vie, aussi bien dans l’infiniment petit, les nanotechnologies ou nanosciences avec ses nombreuses applications notamment dans le domaine médical ou génétique ou dans l’infini grand, avec par exemple les sondes voyager 1 et 2 lancées en 1977 dont les données collectées sur le milieu, sur son environnement sont encore aujourd’hui extrêmement précieuses, j’en aurais facilement oublié tous les progrès que l’on a fait dans le domaine de l’armement pour occire nos contemporains avec méthode et efficacité. Plus de 1000 morts par jour en ce moment en Ukraine !

C’est à ce moment que je me suis arrêté pour emmener un autostoppeur qui, à ma surprise, ne m’était pas inconnu. En effet, dans le cadre de mes activités, j’ai participé à un couloir humanitaire, organisé par le Secours Catholique, qui a permis de faire venir une famille de Syrie en France. Un couloir humanitaire permet de sécuriser le voyage des réfugiés du départ de leur pays jusqu’à leur arrivée en France puis une association les prend en charge pour leur permettre de vivre, de se loger jusqu’à l’obtention des papiers nécessaires pour rester en France et y travailler. Mon passager me témoignait toute sa gratitude malgré les nombreuses difficultés rencontrées. Difficultés pécuniaires, d’adaptation, d’apprentissage de la langue et des coutumes mais aussi des souffrances vécues du fait de l’exil. Quand on est en difficulté on pense souvent à ceux qui vivent des situations pires afin d’adoucir nos maux. Cela m’a amené à penser à toutes ces femmes Afghanes sans identité, sans travail qui étaient universitaires, médecins, architectes, aides soignantes et qui voient leurs filles n’ayant aucun accès à l’école, au collège, à l’université, aucun avenir autre que celui d’être l’esclave d’un mari imposé. Il y a des associations qui font un travail formidable pour faire venir ces femmes et ces hommes dans notre pays. J’ai participé à cela, je me souviens d’un psychiatre venant de Mauritanie qui était brancardier à l’hôpital psychiatrique de Saint-Ylie à Dole. Une dentiste docteur en neurosciences réfugiée de Syrie qui donnait des cours de danse orientale et de cuisine pour faire vivre sa famille……. et bien d’autres. Je sais aussi qu’il y a des chefs d’établissements scolaires, de CFA**, d’université qui permettent à des jeunes d’accéder à l’enseignement malgré parfois une OQTF***, pas au nom d’un mouvement politique ou religieux mais qui font de leurs actes une question d’humanité.

Monsieur le Président mes chers collègues, je voulais simplement mettre en exergue notre capacité fantastique à mettre notre matière grise au service de la science et être aussi démuni lorsqu’il s’agit d’accueillir l’Autre. La formation est une compétence de la Région. Je sais toute la difficulté qu’a pu représenter la libre circulation en Europe des blouses blanches, mais nous sommes la Société civile organisée donc des porte-voix afin d’éveiller les consciences et de permettre à ces personnes, dont nous avons besoin, de trouver un travail en fonction de leurs compétences. L’immigration est une chance pour nous, c’est notre histoire.

Nous sommes tous nés quelque part, nous venons tous d’ailleurs.

 

*   Conseil économique, social et environnemental régional

** Centre de formation des apprentis

***  Obligation de quitter le territoire français